Lucien Israël: « L’innovation, l’inouï, le jamais vu, le jamais entendu constituent le domaine de l’amour. »

Comme j’échange en ce moment sur la question de l’amour avec mon ami Jorge Reitter (suite à sa passionnante intervention sur la question (1)), je donne ici quelques belles citations de Lucien Israël sur l’amour (sur laquelle il propose une élaboration novatrice, par rapport à Freud et par rapport à Lacan):

« L’innovation, l’inouï, le jamais vu, le jamais entendu constituent le domaine de l’amour. L’amour, c’est justement ce qui vient amener ce qui jusque-là n’existait pas pour une personne, pour un couple, pour un groupe, peu importe. L’amour n’est pas la soi-disant répétition d’un amour primordial. L’amour n’est jamais la répétition de ce qui a pu se jouer avec la mère, de ce qui a pu se fantasmer avec la mère. Cet amour-là n’a pour seule fonction que de disparaître, que de faire place nette par le deuil et c’est sur ce deuil que les expériences nouvelles ouvertes sur l’avenir peuvent se développer, peuvent se dérouler, peuvent se jouer (…). Ce qui fait que, encore une fois, le poète ou la chanteur ont parfaitement raison de dire lorsqu’ils disent que « l’amour, c’est toujours la première fois ». Ca n’est pas la répétition. L’amour ne renforce pas le Moi. Il crée le sujet. C’est la fonction de l’analyse. » (Lucien Israël, « La parole et l’aliénation », Arcanes/érès, 2015, p. 103).

« Venir réparer l’amour perdu, l’objet perdu (…) que ce fantasme se réalise dans ce que Freud appelait « die Verliebtheit » et qu’on essaie de traduire par l’état amoureux, pourquoi pas. Ca existe. Mais ce n’est pas ça l’amour. Ce n’est pas ça, l’amour de l’autre. Si vous vous souvenez de ce film canadien Le déclin de l’empire américain, l’une des héroïnes se trouve dans un lit avec son homme et elle semble avoir des intentions et l’homme fatigué lui dit: « T’as des copains, alors va baiser ailleurs ». Et la fille lui répond : « Je ne veux pas baiser, je veux faire l’amour ». Alors c’est peut-être à partir de là que l’on peut envisager qu’il existe un autre amour que celui qui est limité à la récupérations des objets archaïques perdus, comme on pourrait le lire dans Freud. Il existe peut-être un autre amour, si l’érotisme nous permet de découvrir les limites de notre corps, qui permettrait de les franchir ». (Lucien Israël, « La parole et l’aliénation », Arcanes/érès, 2015, p. 76-77).

Bref, le réel du sexe peut s’ouvrir au désir et à l’amour lié au désir.

NOTES:

(1): Ici le lien vers l’intervention de Jorge Reitter sur la question (en espagnol, sur Yoica, espace de diffusion et de transmission de la psychanalyse (Mexico, en espagnol), animé par Manuel Sanchez):

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