« Pages de garde » de Pascale Lemler

Chères amies, chers amis,

Je vous mets ici le lien vers le site du très beau livre de Pascale Lemler (initialement sorti chez bf en 2009) :

http://www.pascale-lemler.fr/index.html

(Pour le demander, vous pouvez écrire à l’auteure depuis cette page :

http://www.pascale-lemler.fr/telechargement.htm)

Même si, au regard de son sujet, il est difficile de mettre des mots sur ce récit poétique, j’aimerais ici avancer que ce très beau texte, alternant prose, poèmes et élaboration de la tradition juive, témoigne, je dirais, d’un cheminement à travers les mots, pour dire l’Histoire.

Cette Histoire est l’Histoire Plus qu’Infiniment Tragique des membres d’une famille  assassinés lors de la Shoah.

Mais c’est aussi l’Histoire de ceux qui ont survécu, et qui, si marqués par l’Horreur, et malgré Elle, ont parlé – parlé de biais, énigmatiquement.

Et puis c’est encore l’Histoire des mots, énigmatiques donc, qui ont été transmis par ces survivants.

Enfin, c’est l’Histoire de la traversée de ces mots, traversée tragique, poétique, mais aussi, d’une certaine manière, rituelle.

C’est ainsi que ce livre ouvre à la transmission.

Il ouvre à une transmission qui aide à se positionner face au terrible et infini tremblement qui nous emporte, dès qu’on accepte d’essayer d’ouvrir les yeux sur l’interminable trou noir de la Shoah.

En tout cas, pour ma part, le livre de Pascale Lemler m’a aidé dans ce travail de positionnement.

Parce que faire (littérairement, psychanalytiquement, historiquement, philosophiquement…) l’histoire des mots, l’histoire des mots des autres dans nos mots, l’histoire de nos mots réinventant les mots des autres ; parce que faire cette histoire des mots, donc, et traverser ces mots par là-même, aide à se positionner face à ce qu’il est impossible de cadrer.

Plus encore, la force de l’écriture de Pascale Lemler réside dans le fait d’aller vers l’enfance – vers l’infans, l’être en nous qui ne parle pas mais qui s’abreuve des mots des autres.

Par là même, son écriture, d’ailleurs  nourrie (cela s’entend) de la pratique de la psychanalyse, va vers la détresse fondamentale (Hilflosgkeit, dit Freud) que l’enfant a d’ailleurs souvent la force de porter – plus souvent d’ailleurs que l’adulte, peut-être.

Ainsi cette écriture, à l’écoute d’une voix se déployant dans les mots, fait-elle naître un « Je ». Ce « Je » énonce ses mots depuis cette détresse fondamentale qui est la sienne, mais qui est aussi celle des siens, tout en même temps. Ce pour traverser, en plus de ces mots, cette détresse plurielle.

Ici un court extrait :

 « Ils avaient été ceux que tu suivrais, ceux après lesquels tu viendrais. Tous, tu ne les as pas connus, mais ils ne t’étaient pas tous inconnus. Dans l’air que tu respirais, partout ils murmuraient ; lorsque tu inspirais, en ton son souffle, régulièrement, passaient ces oubliés dont le souvenir toujours revenait » (p. 24).

Ici aussi une belle mise en voix par Sabine Lemler à la librairie Bisey à Mulhouse (1er juin 2010) :

(Mise en voix : Sabine Lemler

Lecture et chant : Violaine Marine Helmbold et Anne Somot 
Musique/saxophone : Léonard Kretz)

Ici enfin le discours de Pascale Lemler, le 1er mai 2019, pour la pose de la Stolperstein de la famille Loeb-Bloch :

http://www.stolpersteine.lautre.net/wp/famille-loeb/discours-de-pascale-lemler/

Pascale Lemler est écrivaine. Elle a enseigné les Lettres en collège et lycée à Strabourg.
Sabine Lemler est metteure en scène de la compagnie VIA (Voir Imaginer Agir) (1).


NOTE :

(1) : COMPAGNIE VIA :

https://www.facebook.com/profile.php?id=100086667655691

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