Penser l’antifreudisme d’extrême-droite avec Elisabeth Roudinesco

Chères amies, chers amis,

Afin de mieux appréhender ce qu’il en est de l’extrême-droite, et afin de méditer sur ce qu’est historiquement et discursivement l’anti-freudisme d’extrême-droite, je vous mets ici le lien vers une passionnante intervention (sur France Info en 2010) d’Elisabeth Roudinesco.

(Cette interview a eu lieu pour la sortie de l’ouvrage collectif Mais pourquoi tant de haine ? (Paris, Seuil, 2010) qu’elle a dirigé, avec des contributions de Guillaume Mazeau, Christian Godin, Franck Lelièvre, Pierre Delion et Roland Gori.)

Partant de la critique du Crépuscule d’une idole de Michel Onfray (2010) , Elisabeth Roudinesco nous y éclaire sur la forme dominante de l’anti-freudisme dans le débat public et intellectuel. Car, si l’on envisage dans le temps long le discours anti-freudien, il apparaît que le livre d’Onfray en 2010 a lui aussi réhabilité des thèses d’extrême-droite sur Freud, la psychanalyse, les Juifs. Ce afin de développer un discours complotiste développant des mensonges historiques et des rumeurs erronées, d’ailleurs relayé par des médias complaisants (1).

Cet anti-freudisme est tout à fait différent de la critique raisonnée de la psychanalyse (par exemple celles de Foucault, de Derrida, de Popper), qui est évidemment tout à fait légitime et stimulante, et doit être discutée par les psychanalystes.

Plus encore, la critique des formes dogmatiques que prend la psychanalyse est aussi absolument nécessaire, et doit être aussi développée par les psychanalystes.

J’aimerais ajouter que Michel Onfray s’est depuis révélé pour ce qu’il : un antisémite d’extrême-droite, comme l’analysent Elisabeth Roudinesco et Guillaume Mazeau dans l’interview de 2020 pour Le Grand Continent dénommée « Onfray : fin de partie ».

La réflexion d’Elisabeth Roudinesco concernant l’extrême-droite dans Mais pourquoi tant de haine ? est approfondie dans Sigmund Freud en son temps et de le nôtre (Seuil, 2014) et dans Soimême comme un roi. Essai sur les dérives identitaires (Seuil, 2020). Elle fait aussi écho à un autre livre collectif qu’elle a dirigé, contre le Livre noir de la psychanalyse (2)Pourquoi tant de haine ? Anatomie du Livre noir de la psychanalyse (Paris, Navarin, 2005) (3).

En somme, cette analyse de de 2010 avait anticipé l’évolution de toute une partie du discours collectif, entre autres vers le mythe du complot.

NOTES:

(1): Concernant la critique du livre d’Onfray sur Freud, voir aussi le bel article de Frédéric Forest et François Pommier dans Le Monde: « Onfray : le chapitre manquant », 1.6.10: https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/06/01/onfray-le-chapitre-manquant-par-frederic-forest-et-francois-pommier_1365736_3232.html

(2) : Dirigé par Catherine Meyer et publié en 2005. 

(3) : Sur cet ouvrage, voir entre autres l’article suivant de Josette Zoueïn, dans Che vuoi ? 2006/1 (N° 25), (pages 261 à 265 ) : https://www.cairn.info/revue-che-vuoi-1-2006-1-page-261.htm

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